Méthodologie de l’expertise incendie

La méthodologie d’expertise incendie est issue du guide pour les investigations en incendie-explosion intitulé NFPA 921 (National Fire Protection Association), ouvrage de référence reconnu sur le plan international pour les feux bâtimentaires.

La méthodologie préconisée permet de procéder à la détermination du ou des lieux d’origine, de la cause probable, des circonstances immédiates (point d’origine et source de chaleur) et du mode de développement de l’incendie.

Celle-ci consiste à aborder une scène d’incendie de façon chronologique, en 8 étapes :

1. Recueil d’informations préliminaires lors de l’expertise incendie

Cette 1ère étape consiste à recueillir les témoignages des témoins oculaires (propriétaire occupant ou non, voisins) sur les lieux du sinistre, afin de comprendre le développement et la propagation de l’incendie. La visite sur site, fait suite à une convocation des parties mises en cause, à la diligence de l’expert d’assurance ou de l’expert incendie CFEIB.

2. Evaluation de la sécurité des lieux lors de l’expertise incendie

La garantie de sécurité des lieux incombe aux experts présents lors de la visite, lesquels devront s’assurer de la coupure des énergies (gaz, électricité, etc.) de l’absence de risques d’effondrement de la structure (murs et toiture) et de la non contamination des lieux par des substances chimiques, biologiques ou radiologiques.

3. Examen extérieur des lieux lors de l’expertise incendie

Cette étape vise à constater les Traces de Combustion et d’Effets du Feu (TCEF) à l’extérieur du bâtiment sinistré, lesquelles prennent la forme de bandeaux de fumée ou de flammes, de perte de masse, d’oxydation métalliques, de projection de verre.

Les TCEF sont des signes objectifs laissés par l’incendie.

4. Examen intérieur des lieux lors de l’expertise incendie

L’examen intérieur consiste à examiner la scène d’incendie du « moins endommagé vers le plus endommagé et du point le plus haut vers le plus bas niveau de combustion » en prenant en compte la ventilation des lieux et l’intervention des sapeurs-pompiers.

Le relevé des TCEF repose sur l’observation des traces de carbonisation (forme de cône ou de U), des lignes de démarcation des flammes ou de fumée et des « zones protégées qui correspondent à des ombres laissées par des éléments mobiliers sur des parois.

Grace à la lecture de ces signes, l’expert incendie peut remonter jusqu’au lieu d’origine du sinistre.

5. Examen des débris lors de l’expertise incendie

A l’intérieur du lieu d’origine, l’examen des débris, voire la reconstitution éventuelle de la scène d’incendie in situ, vise à localiser le point d’origine et la source d’éclosion.

L’examen des débris effectué au point d’origine consiste en une identification de la zone à déblayer, une extraction des décombres par couches successives, un examen de ces résidus avec prises de vues photographiques et une mise en évidence du plus bas niveau de combustion.

En cas de doute, des prélèvements pourront être réalisés au point d’origine par l’expert incendie, pour analyses par des laboratoires spécialisés.

6. Hypothèses d’éclosion de l’incendie suite aux investigations de l’expertise incendie

L’analyse des données (TCEF, etc.) par l’expert en incendie permet de formuler des hypothèses d’éclosion d’incendie qui devront être vérifiées avant validation. Toutes les hypothèses alternatives relatives à la naissance de l’incendie devront être étudiées.

Selon la nature du sinistre et sa complexité, la formulation d’hypothèses peut s’avérer compliquée. Le classement de ces hypothèses s’effectue alors, par ordre de probabilité :

 

  • probabilité d’occurrence < 50 % : possible (> 1)
  • probabilité d’occurrence > 50 % : probable (1 maxi)

 

Si l’analyse des données aboutit à plus d’une hypothèse possible, celles-ci doivent être vérifiées  par l’expert d’incendie, sur la base de ses  connaissances scientifiques du feu  et de l’expérience acquise pour des situations analogues.

 

La validation de l’hypothèse finale basée sur un processus d’élimination et de raisonnement déductif, permettra de considérer tel élément comme la source la plus probable de l’incendie et d’en écarter d’autres, grâce à la lecture et l’interprétation des éléments de preuve.

 

En cas d’hypothèse(s) possible(s), ou si aucune hypothèse ne peut être avancée après analyse, ou si aucune hypothèse probable ne peut être privilégiée, il conviendra alors de conclure par une cause indéterminée.

 

A contrario, une hypothèse probable permettra de déterminer les circonstances de l’incendie et de classer la cause.

7. Détermination de la cause et des circonstances d’incendie, une étape cruciale pour que l’expert incendie puisse se prononcer

La détermination de la cause d’un incendie est un processus qui consiste à identifier :

 

  • le 1er combustible soumis à l’incendie,
  • la source d’ignition (énergie d’inflammation),
  • le comburant
  • les circonstances d’incendie (étude de propagation ou marche des flammes) qui ont concouru à l’éclosion du feu.

 

Ce processus résultant de l’analyse des données intègre également la ventilation des locaux.   

 

A l’issue de cette démarche, l’expert incendie pourra se prononcer sur une cause probable, si une hypothèse probable (probabilité d’occurrence > 50 %) a été validée dans l’étape précédente. 

 

La classification de la cause d’un incendie, (distincte de la détermination de la cause d’un incendie) se décline comme suit :

 

  • indéterminée 
  • naturelle 
  • humaine

 

  • accidentelle (par imprudence ou négligence)
  • volontaire (intentionnelle)
  • indéterminée

 

  • matérielle ou technologique

La démarche-type de l’expertise d’incendie aboutissant à la classification de la cause est résumée dans le tableau suivant :

8. Rédaction du rapport d’expertise

Cette ultime étape consiste pour l’expert d’incendie en la rédaction d’un rapport d’expertise détaillé comportant des photos renseignées avec analyses et synthèse, qui sera transmis à son mandant pour suite à donner.

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